
Depuis le 1er janvier, le cours de l’or affiche une progression de +48 %, et celui de l’argent de +66 %. Sur le seul mois de septembre, l’or s’est apprécié de +11 %, tandis que l’argent a gagné +16 %.
Alors que l’or s’apprête à franchir le seuil symbolique des 4 000 $ l’once, l’argent se rapproche de ses précédents sommets de 2011. Comment expliquer une telle performance ? Et cette tendance est-elle appelée à se poursuivre ?
SOMMAIRE DE L'ARTICLE :
Le mois de septembre 2025 a marqué une accélération historique sur les métaux précieux. Malgré la résilience de l’économie mondiale, la confirmation d’un cycle de baisse des taux aux États-Unis et la montée structurelle des tensions internationales semblent avoir fait entrer l’or dans une nouvelle phase de son histoire.

Après plus de quatre mois de consolidation entre 3 250 $ et 3 450 $ l’once, le métal jaune a brusquement accéléré en septembre pour dépasser, début octobre, le seuil symbolique des 3 900 $ l’once.
Cette ascension ininterrompue entamée en 2024 et, plus largement, relancée depuis 2022 à la suite du sommet majeur de 2020, impressionne par sa constance et son intensité.
Le lingot d’or de 1kg dépasse désormais les 100 000€, tandis que le célèbre Napoléon 20 Francs dépasse allègrement les 600€.
L’annonce d’une baisse du taux directeur par la Réserve fédérale américaine a accéléré la progression du cours de l’or, passé d’environ 3 400 $ à 3 900 $ l’once. Pour autant, le retour en grâce des métaux tient d’abord à des facteurs structurels qui les replacent au cœur des scènes internationale, financière et industrielle.
- 22 AOUT 2025 : lors du symposium des banques centrales à Jackson Hole (États-Unis), le président de la Fed a laissé entendre qu’un ajustement de politique « pourrait être approprié ». Le signal d’un futur assouplissement a soutenu immédiatement l’or, qui a inscrit un nouveau record historique dans les jours suivants.
- 17 SEPTEMBRE 2025 : l’abaissement de 25 pb du taux directeur de la Fed a ravivé l’appétit pour les métaux précieux. Les marchés ont commencé à anticiper d’autres baisses d’ici la fin de l’année, sur fond d’indices d’un marché du travail moins tendu.
- 2 OCTOBRE 2025 : Shutdown et emploi américain. Les statistiques d’emploi ont fait état d’une baisse de 32 000 créations nettes, renforçant les paris de ralentissement de l’économie, les attentes de nouvelles baisses de taux et la demande de valeur refuge.
- Prime géopolitique persistante : le conflit russo-ukrainien, les tensions durables au Moyen-Orient et, en 2025, la brève guerre de juin entre Israël et l’Iran ont entretenu une prime de risque sur l’or. Même lorsque les mouvements de prix sont modestes ou de courte durée, la succession d’épisodes nourrit la demande de couverture (banques centrales et investisseurs).

Si l’extraordinaire performance des métaux précieux s’explique en partie par la détente des taux et par les tensions géopolitiques, la forte progression des indices boursiers traduit un climat d’optimisme.
La performance du S&P 500 atteint près de +15 % depuis le 1er janvier, et près de +10 % pour le CAC 40. La résilience de l’économie mondiale soutient les grands indices, avec une croissance qui demeure robuste malgré une inflation durablement élevée, notamment aux États-Unis. Dans ce contexte, l’or et l’argent profitent d’un redéploiement des capitaux vers des actifs non-monétaires comme les cryptomonnaies, les actions et les métaux.
Surtout, la dimension industrielle de l’argent lui confère un double statut (précieux et industriel) qui amplifie la dynamique haussière : lorsque l’appétit pour le risque revient et que l’activité se maintient, la demande de métal « gris » liée aux usages industriels (électronique, équipements, transition énergétique, etc.) renforce l’attrait de l’actif, en plus de son rôle de couverture.
Les causes de la hausse des métaux sont donc multiples, ce qui accentue l’intensité et la régularité de cette tendance haussière.
Cette tendance haussière est encore plus marquée pour l’argent-métal. Le prix est sur le point de dépasser son précédent record de 2011 (49,56 $ l’once), après avoir frôlé 48 $ récemment. À la différence de l’or, l’argent a connu une progression quasi continue depuis le début de l’année.

Malgré la montée de la demande financière (produits d’investissement, flux spéculatifs), la demande physique pour le « métal gris » est restée contenue au premier semestre 2025. Le Silver Institute souligne toutefois qu’en Inde, la demande d’investissement des particuliers demeure soutenue, en hausse de 7 % sur un an sur les six premiers mois de 2025, reflet d’anticipations de prix toujours élevées.
À l’inverse, aux États-Unis, les reventes élevées et la faiblesse des achats de détail ont pesé sur les ventes de pièces et lingots, plusieurs investisseurs profitant de prix proches de plus-hauts pluriannuels pour prendre leurs bénéfices.
Cette situation contrastée pourrait évoluer au second semestre. La hausse considérable des métaux devrait favoriser un retour des investisseurs particuliers. En attendant, la proximité du sommet de 2011 confère au marché de l’argent un seuil technique et psychologique majeur, susceptible d’amplifier la volatilité à court terme.
Cette année signe le grand retour des métaux précieux. Leur performance considérable ravive un attrait inédit et attendu depuis de nombreuses années par certains investisseurs.
L’intérêt pour l’or et l’argent se nourrit d’un double ressort : d’une part, l’optimisme boursier porté par la résilience de l’économie et les perspectives ouvertes par l’IA ; d’autre part, les incertitudes géopolitiques et monétaires qui réactivent la quête de valeurs refuges.
Ce regain ne relève pas seulement de facteurs conjoncturels. Il traduit avant tout un besoin plus structurel de la société de se tourner vers les métaux précieux afin de pallier aux incertitudes économiques et politiques, ainsi qu’aux fragilités du système monétaire international.