
Après avoir atteint un record à près de 4 400 $ l’once, le cours de l’or évolue désormais autour de 4 000 $ depuis le début du mois de novembre.
La récente baisse du taux directeur américain de 25 points de base, décidée par la Réserve fédérale fin octobre, n’a pas entraîné de nouvelle hausse marquée du métal jaune, contrairement aux précédents assouplissements monétaires. Néanmoins, le contexte général demeure favorable à l’or.
Quelle est l’évolution récente du cours de l’or et de l’argent et quelle est la trajectoire anticipée par les banques d’ici la fin d’année ?
SOMMAIRE DE L'ARTICLE :
- Emploi américain en net ralentissement : seulement 22 000 créations d’emplois en août, après un mois de juillet historiquement faible, du jamais-vu depuis 2021.
- Croissance toujours solide aux États-Unis, mais la Fed pourrait néanmoins procéder à une nouvelle baisse de taux en décembre, dans un souci de soutien préventif à l’activité.
- Inflation en légère reprise aux États-Unis, à 3 % en octobre, soit son plus haut niveau depuis janvier. Dans le détail, l’inflation est surtout portée par l’énergie, et principalement le gaz et l’électricité. Les économistes anticipent toutefois un reflux progressif dans les prochains mois.
- Le 6 octobre, le président Donald Trump a annoncé l’imposition d’un droit de douane de 25 % sur les importations de camions de moyen et lourd tonnage à compter du 1er novembre, et d’un droit de 10 % sur les autobus, invoquant des motifs de sécurité nationale. Parallèlement, Washington et Chine ont signé un accord le 30 octobre à Busan (« Kuala Lumpur Joint Arrangement »). Avec cette entente, les États-Unis ont accepté de geler des hausses de tarifs supplémentaires sur les importations chinoises.
- En zone euro, la Banque centrale européenne maintient son taux directeur à 2 %. Exprimé en euros, le cours de l’or affiche une performance de +40 % sur un an, légèrement freiné par la baisse du dollar face à l’euro.

Source : 12-month percentage change, Consumer Price Index, selected categories
Après une envolée continue entre décembre 2024 et avril 2025, portée par la première baisse de taux américaine, l’or s’est ensuite stabilisé durant l’été, évoluant dans un corridor resserré. La nouvelle réduction du taux directeur de 4,50 % à 4,25 % en septembre 2025 a ravivé l’intérêt des investisseurs et provoqué une hausse d’environ +30 % du cours.
La correction de fin octobre, liée à des prises de bénéfices et à des réallocations de portefeuilles, n’a constitué qu’une pause technique dans une tendance structurellement haussière, soutenue par la demande institutionnelle et les achats des banques centrales.

Source : XAU USD Chart - Investing.com
La décision de la Réserve fédérale de ramener son taux directeur de 4,25 % à 4,00 % fin octobre a ravivé l’intérêt des investisseurs pour l’or, dont le cours s’est redressé sans toutefois retrouver son sommet historique.
« Les récents mouvements de prix ont conduit l’or en zone de « surachat » selon l’indicateur RSI (Relative Strength Index), mais la correction récente l’a ramené à un niveau plus sain, permettant probablement un rééquilibrage des positions », a indiqué Morgan Stanley dans une note.
Le cours de l’argent a franchi en octobre son précédent record historique de 2011, en dépassant le seuil symbolique des 50 $ l’once. Après un sommet atteint autour de 54,50 $ le 13 octobre, le métal gris a toutefois connu une phase de consolidation, dans le sillage du repli de l’or.
La décision récente de la Réserve fédérale américaine, favorable à une détente monétaire à venir, a ravivé l’intérêt des investisseurs pour l’argent, qui s’approche à nouveau de ses plus hauts niveaux.
À titre de comparaison, rappelons que le cours de l’or avait franchi son record de 2011… dès 2020 ! Et ce dans un contexte pandémique et de taux réels historiquement bas.
Ce décalage temporel suggère que l’argent pourrait encore disposer d’un potentiel de progression, d’autant qu’il superforme l’or depuis le début de l’année.

Pour 2026, la plupart des grandes banques anticipent un cours de l’or proche de 4 500 dollars l’once.
La Société Générale vise même une cible autour de 4 700 dollars, tandis que Citi et UBS privilégient un scénario de temporisation après la forte progression observée en 2025.
Malgré des prévisions plutôt optimistes, un constat s’impose : les banques ont, pour la plupart, sous-estimé l’ampleur de la hausse de l’or en 2025. Le métal jaune a en effet largement dépassé les objectifs initiaux, porté par la baisse des taux anticipée, la persistance de l’inflation et les tensions géopolitiques.
Selon les principales institutions financières, plusieurs facteurs devraient encore soutenir le marché de l’or et de l’argent au cours des prochains mois :
La poursuite de la détente monétaire, avec une baisse graduelle des taux directeurs et un regain d’intérêt des investisseurs pour les métaux précieux.
La dégradation du cycle économique, combinée à une inflation persistante, comme cela semble être le cas actuellement. Les prochains chiffres de l’emploi seront déterminants.
Un affaiblissement du dollar américain et une remontée des tensions géopolitiques ou commerciales.

Source : Reuters
Dans le contexte économique actuel, marqué par la volatilité des marchés financiers et les incertitudes géopolitiques, l’or physique s’impose comme une forme d’épargne à la fois sûre et tangible. À la différence des actifs purement financiers, il échappe aux risques de contrepartie et conserve sa valeur, quelles que soient les fluctuations monétaires ou les décisions politiques.
Sur le moyen et long terme, l’or s’est historiquement distingué par sa rentabilité plutôt élevée pour un risque relativement modéré, porté à la fois par la rareté du métal et par son rôle de protection contre l’inflation et la dépréciation des devises.
Enfin, il présente un atout majeur de liquidité : qu’il s’agisse de lingots, de pièces ou de plaquettes, l’or se revend facilement, partout dans le monde, à tout moment. Cette combinaison de sécurité, de performance durable et de facilité de cession en fait aujourd’hui un pilier de diversification prudentielle pour tout investisseur soucieux de préserver son patrimoine.
La stabilisation récente des cours de l’or et de l’argent marque sans doute une phase de respiration après une année exceptionnelle. Malgré un léger repli depuis leurs sommets d’octobre, les métaux précieux conservent une dynamique structurellement favorable, portée par la baisse des taux directeurs, la persistance de l’inflation et par une demande solide.
La plupart des banques affichent une cible haussière pour 2026, avec malgré tout un ralentissement de la hausse observée jusqu’ici.