L’or occupe une place centrale dans l’histoire de l’économie et de la finance. Utilisé comme monnaie depuis l’Antiquité, il a traversé les siècles sans jamais perdre son attrait. Aujourd’hui encore, l’or fascine investisseurs, banques centrales et particuliers, non seulement pour sa valeur symbolique, mais aussi pour ses propriétés uniques en tant qu’actif financier.
Mais quel est réellement l’intérêt de détenir de l’or en portefeuille ? Quels sont ses avantages et ses inconvénients ? À travers cet article, nous explorerons le rendement, la volatilité, les qualités juridiques et économiques de l’or, ainsi que son rôle essentiel dans la diversification patrimoniale.
SOMMAIRE DE L'ARTICLE :
Les professionnels de la finance distinguent généralement deux notions fondamentales :
Le rendement d’un actif, qui correspond aux revenus qu’il génère : dividendes pour une action, loyers pour l’immobilier, ou coupons pour une obligation.
La performance, qui désigne l’évolution du prix de l’actif sur une période donnée, indépendamment de tout revenu.
Un investisseur sera ainsi plus ou moins attiré par un actif selon ses objectifs patrimoniaux, son âge ou encore son appétence au risque. Par exemple, les actifs à rendement sont souvent privilégiés pour préparer la retraite ou générer un complément de revenus, tandis que les actifs à faible rendement peuvent s’avérer intéressants pour constituer un capital solide sur le long terme.
L’or, lui, est un actif sans rendement : il ne génère ni dividende, ni coupon, ni revenu passif. On le qualifie parfois de « stérile ». Cela peut sembler rédhibitoire, notamment en période de taux élevés où les obligations deviennent plus attrayantes. Pourtant, cette absence de rendement peut devenir une force dans un environnement de taux bas, ou lorsque les marchés doutent des actifs traditionnels.
Historiquement, l’or a offert une performance réelle positive à long terme, bien que légèrement inférieure à celle des actions. Sur les 50 dernières années (1973–2023), sa performance annuelle moyenne oscille entre 6 % et 8 %, avec d’importantes variations selon les cycles économiques. Ainsi, même sans rendement régulier, l’or s’est montré particulièrement performant en période de crise ou de forte inflation.
Le statut particulier de l’or s’explique aussi par sa nature juridique. Contrairement à la plupart des actifs financiers, l’or ne présente aucun risque de contrepartie : il ne dépend ni du bon remboursement d’un emprunt, ni de la solvabilité d’une entreprise ou d’un État. Il est donc le seul actif entièrement autonome.
Par ailleurs, à l’instar de l’immobilier, l’or est un actif tangible. Il offre cependant des avantages spécifiques : il est facilement transportable, négociable dans le monde entier, et hautement liquide. Cette sécurité matérielle s’accompagne toutefois de contraintes pratiques : risque de vol, nécessité de stockage sécurisé, ou fiscalité particulière en cas de revente.
Ces caractéristiques font de l’or un actif universellement reconnu et respecté. Les banques centrales en détiennent encore aujourd’hui des stocks considérables, car l’or renforce la solidité d’un bilan et inspire confiance dans un cadre international. Il est ainsi le socle de stabilité monétaire le plus ancien et le plus durable.
L’or, bien qu’exempt de risque de contrepartie, n’est pas un actif sans risque. Son cours varie, parfois de manière significative, ce qui peut générer des pertes en capital à court ou moyen terme.
Sa volatilité historique est estimée autour de 15 % par an, soit un niveau comparable à celui des grandes classes d’actifs actions. Toutefois, la volatilité de l’or est dite asymétrique : il a tendance à s’apprécier fortement lorsque les marchés financiers se dégradent, jouant alors un rôle de couverture.
Ce comportement fait de l’or un actif défensif, particulièrement utile pour protéger un portefeuille lors des périodes de stress financier. Depuis les années 1990, de nombreuses analyses montrent que l’or offre l’un des meilleurs ratios performance/risque parmi les grandes classes d’actifs, en particulier lorsqu’il est combiné à des actifs risqués.
Il faut toutefois garder en tête que l’or ne se valorise pas comme une action ou une obligation : son prix ne repose pas sur des flux futurs, mais sur des facteurs plus diffus :
L’absence de méthode de valorisation fondamentale classique rend l’or plus difficile à anticiper. Par ailleurs, comme toute matière première, son prix est aussi influencé par son coût de production, ce qui joue un rôle de plancher à long terme.
L’or présente une propriété rare : il permet de réduire le risque global du portefeuille tout en maintenant une performance robuste. C’est cette capacité qui le rend si prisé dans la gestion d’actifs ou de fortune. De nombreuses études empiriques montrent que l’intégration de 5 à 10 % d’or dans un portefeuille composé d’actions et d’obligations permet de :
Cette vertu tient à la corrélation dynamique de l’or avec les autres classes d’actifs :
Cette flexibilité de comportement permet d’optimiser la répartition d’un portefeuille. Plusieurs papiers académiques et études de gérants recommandent une allocation optimale entre 5 % et 15 %, selon les objectifs. Elle peut aller jusqu’à plus de 20 % si l’investisseur anticipe une trajectoire positive pour le cours de l’or.
Dans le contexte économique actuel (2024–2025), de nombreux arguments plaident en faveur de l’or :
En revanche, la hausse des taux réels (taux nominaux – inflation) peut, à court terme, pénaliser l’attrait de l’or. En effet, un actif non rémunéré devient moins intéressant face à des placements obligataires mieux rémunérés.
Malgré cela, à long terme, l’or conserve une fonction de protection essentielle, notamment contre les excès monétaires et systémiques. Son caractère universel et son absence de dépendance à une autorité centrale en font un actif refuge naturel.
Il existe de nombreux moyens de détenir de l’or. Le moyen le plus répandu est la détention physique, notamment chez les particuliers et les institutionnels.
L’or n’est pas un placement comme les actions, les obligations ou l’immobilier. Pourtant, c’est précisément cette nature singulière qui en fait un pilier incontournable dans une logique patrimoniale ou stratégique. Dans la période actuelle, confrontée à des incertitudes croissantes, l’or agit encore une fois comme un filet de sécurité à la fois matériel, psychologique et économique. Cela s’explique par la capacité de l’or à :
L’or est donc une forme d’assurance financière, que ce soit pour un investisseur institutionnel, un fonds souverain, une banque centrale ou un particulier soucieux de protéger son patrimoine. Loin d’être un actif archaïque ou spéculatif, l’or est un actif d’équilibre. Il ne cherche pas à remplacer les autres classes d’actifs, mais à compléter intelligemment une allocation d’actifs bien construite.
Dans un portefeuille moderne, l’or ne devrait pas être vu comme un choix alternatif, mais comme un socle stratégique de résilience et de stabilité. Ainsi, détenir de l’or aujourd’hui n’est pas un réflexe défensif, c’est un acte de prévoyance lucide dans un monde où l’incertitude devient structurelle, et où la préservation du capital devient un enjeu aussi fondamental que sa croissance.