Semaine du 7 juillet : le cours de l’or stagne, les Etats-Unis au cœur des attentes
07/07/2025 13:17:00

Les traders du monde entier attendent avec impatience la décision de la banque centrale américaine en matière de taux directeurs, dans un contexte d’incertitude face à l’évolution de l’inflation et aux tensions commerciales liées aux nouveaux tarifs douaniers attendus dans les prochains jours. Cette décision devrait fortement influencer le cours de l’or, qui manifeste déjà des signes d’anticipation ces dernières semaines : 

  • L’emploi privé est ressorti négatif, avec 33 000 postes détruits en juin, une première depuis mars 2023, provoquant un rebond notable du cours de l’or. 
  • Le taux de chômage a été publié à 4,1 % aux États-Unis, contre 4,3 % attendu, entraînant toutefois un léger repli de l’or le lendemain, les investisseurs jugeant le marché du travail plus résilient qu’escompté. 
  • L’inflation mensuelle doit être publiée le 15 juillet, un indicateur clé qui pourrait peser sur l’orientation monétaire de la Fed à la rentrée. 

Le marché apprécie désormais davantage une politique monétaire accommodante, même si une faction de la Fed reste vigilante face à l’inflation persistante. En particulier, Goldman Sachs table sur trois réductions de 25 pb (septembre, octobre, décembre), soit un taux terminal autour de 3–3,25 %, contre 4,25–4,50 % aujourd’hui. Voici les signaux à surveiller d’ici septembre.

SOMMAIRE DE L'ARTICLE

 

Vers une rentrée mouvementée pour l'or ? 

Le marché apprécie désormais davantage la perspective d’une politique monétaire plus accommodante, même si une partie du comité de la Fed reste particulièrement vigilante face au risque d’une inflation persistante. En particulier, Goldman Sachs anticipe trois baisses de 25 points de base en septembre, octobre et décembre, ce qui ramènerait le taux directeur vers 3–3,25 %, contre 4,25–4,50 % actuellement. 

 

Les perspectives d’une baisse des taux par la Réserve fédérale américaine (Fed) en septembre 2025 suscitent déjà de vives attentes sur les marchés financiers. Toujours selon Goldman Sachs, la probabilité d’un premier abaissement dès septembre dépasse désormais 50 %. En parallèle, les analystes de Wells Fargo estiment qu’un tel pivot monétaire constituerait une « puissante impulsion » pour l’or, dans un contexte de taux durablement bas qui réduit le coût d’opportunité de la détention de métaux précieux. 

Cette configuration rappelle celle de 2019, lorsque le cours de l’or avait progressé de près de 25 % en l’espace d’un an après les baisses de taux successives de la Fed. À l’époque, la dynamique haussière avait été particulièrement marquée, avec une envolée d’environ 10 % en seulement quelques semaines. D’un point de vue technique, l’once d’or exprimée en dollars approche désormais les 3 300 $, un niveau historiquement élevé. Malgré quatre tentatives successives de franchissement durable de la zone de résistance située autour de 3 400 $ l’once, le métal précieux semble s’inscrire depuis plusieurs semaines dans un mouvement plus attentiste, marqué par une consolidation des cours. 

La perspective d’un assouplissement monétaire et l’évolution des principales parités de change, notamment la relation entre le dollar et l’euro, pourraient toutefois constituer des catalyseurs majeurs susceptibles de mettre un terme à cette phase de stagnation apparente et de relancer une dynamique plus soutenue.

Les statistiques à surveiller en juillet 

 

Aux États-Unis, l’emploi privé a reculé de 33 000 postes en juin, selon le rapport mensuel publié par ADP, ce qui constitue la première baisse depuis mars 2023. Les économistes interrogés par Dow Jones anticipaient au contraire une création nette de 100 000 emplois sur le mois, ce qui souligne l’ampleur de la surprise négative. Ces chiffres laissent penser que la dynamique de l’économie américaine pourrait être moins solide que ne le prévoyaient les analystes, ce qui renforcerait la probabilité d’un assouplissement monétaire de la Réserve fédérale dans les mois à venir. 

Cette annonce a provoqué un rebond du cours de l’or, qui s’est hissé vers 3 350 dollars l’once, avant de se stabiliser autour de ce seuil. La réaction des investisseurs reflète la conviction qu’un ralentissement du marché de l’emploi renforcerait la pression en faveur d’une baisse des taux directeurs de la Fed, ce qui tend à affaiblir le dollar et à soutenir la demande pour l’or. Cependant, le taux de chômage est ressorti Jeudi à 4,1 %, légèrement inférieur aux 4,3 % attendus, ce qui traduit malgré tout une certaine résilience du marché du travail américain. Cette divergence entre la baisse des créations d’emplois privés et un chômage encore contenu illustre la complexité de l’environnement économique actuel. 

Le chiffre de l’inflation pour le mois de juin sera publié le 15 juillet. En mai, l’inflation annuelle était ressortie légèrement en dessous des attentes, à +2,4 % contre une prévision de +2,5 %. L’inflation sous-jacente, c’est-à-dire hors alimentation et énergie, s’était établie à +2,8 %, là aussi légèrement inférieure aux anticipations (+2,9 %). Ces données confirment que, bien que l’inflation demeure au-dessus de la cible de 2 % fixée par la banque centrale, sa tendance est plutôt orientée à la baisse. 

Par conséquent, la combinaison d’une inflation en décélération progressive et d’un marché de l’emploi qui montre des signes de modération suggère que la Fed dispose d’une marge de manœuvre accrue pour envisager un assouplissement de sa politique monétaire. Toutefois, la persistance de taux réels nettement positifs, c’est-à-dire des taux d’intérêt supérieurs à l’inflation, continue de peser sur l’activité économique, en particulier sur la consommation et l’investissement des entreprises. 

Tarifs de Trump à venir : risque ou opportunité ?  

 

Il convient d’ajouter à ce contexte la décision imminente sur les tarifs instaurés par Donald Trump. Les droits de douane dits « reciprocal », suspendus ou différés par l’administration depuis le début du mois d’avril, doivent en principe entrer en vigueur le 9 juillet 2025. Cette échéance marque la fin de la trêve de quatre-vingt-dix jours décidée durant l’hiver, ouvrant la voie à l’application de nouveaux taux pouvant atteindre jusqu’à 70 % sur certains pays jugés non coopératifs. 

Néanmoins, la légalité et la mise en œuvre effective de ces tarifs restent soumises à l’appréciation de la Cour d’appel compétente, dont le verdict est attendu entre la fin juillet et le début du mois d’août 2025. La date du 9 juillet constitue donc une étape clé : c’est le moment où ces mesures deviendront théoriquement applicables, sous réserve toutefois de l’issue de la procédure d’appel actuellement en cours. 

D’après Reuters, « les marchés estiment qu’il existe suffisamment de marge de flexibilité dans les délais, sauf événement majeur imprévu, pour ne pas être trop perturbés par de nouvelles annonces de tarifs douaniers, et considèrent que les scénarios les plus défavorables sont désormais écartés ». Pourtant, tandis que certaines négociations commerciales s’enlisent, un éventuel entêtement de Donald Trump dans l’escalade protectionniste pourrait provoquer un effet de surprise particulièrement négatif pour les marchés financiers mondiaux. 

L’annonce initiale des tarifs, début avril, avait entraîné une forte volatilité du cours de l’or : après une phase de hausse, les prix ont connu un repli rapide, avant de repartir dans une dynamique ascensionnelle plus marquée au fil du printemps. Malgré tout, il n’est pas exclu qu’une réduction des tensions commerciales dans les prochains mois favorise un nouveau recul du métal précieux, les investisseurs réorientant alors une partie de leurs flux vers des actifs plus risqués. L’incertitude demeure. 

 

L’or pourra-t-il dépasser 3 400$ ? 

 

Face à la stagnation de l’or ces dernières semaines, trois scénarios distincts se dessinent pour les prochains mois : 

  • SCENARIO 1 : double détente mondiale. La Réserve fédérale et la Banque centrale européenne amorcent toutes deux une baisse de leurs taux directeurs. Dans ce cas, un nouvel affaiblissement du dollar deviendrait probable, stimulant fortement le cours de l’or exprimé en dollars. La hausse serait toutefois plus modérée en euros, en raison de la dépréciation simultanée des deux devises. 
  • SCENARIO 2 : ralentissement américain et BCE prudente. La Fed entame son cycle d’assouplissement, tandis que la BCE temporise. Le dollar recule, mais l’euro reste relativement ferme. Cette configuration favoriserait une progression de l’or en dollars, mais limiterait la hausse pour les investisseurs européens. 
  • SCENARIO 3 : Fed restrictive et BCE toujours accommodante. Si la Fed adopte une posture plus restrictive en maintenant ses taux élevés, tandis que la BCE poursuit sa politique accommodante, l’euro pourrait s’affaiblir face au dollar. Dans ce scénario, l’or progresserait moins en dollars, mais son prix exprimé en euros bénéficierait d’un effet de change favorable. 

À ce stade, les données économiques et les anticipations de marché rendent le scénario 2 particulièrement plausible : une Fed engagée dans un cycle d’assouplissement, tandis que la BCE marquerait une pause. Ce contexte pourrait favoriser l’ascension de l’or, mais si cette tendance est trop anticipée, alors il est possible que la réaction de l’or soit nulle, voire inverse. Dans tous les cas, un euro solide freinerait les gains pour les investisseurs européens, malgré un contexte international porteur pour l’or. 

Septembre 2025 : le risque d’un « faux pivot » pour l’or 

 

Si la baisse des taux a généralement tendance à favoriser l’ascension du cours de l’or, souvent de plusieurs dizaines de pourcents dans les années qui suivent, la situation actuelle présente plusieurs spécificités susceptibles d’en modifier la dynamique. 

En effet, la Réserve fédérale américaine a entamé sa première baisse de taux en août 2024. Cette décision a été suivie d’une progression spectaculaire de près de 40 % du cours de l’or. L’ampleur et la rapidité de cette hausse traduisent la sensibilité exceptionnelle de l’or aux anticipations de détente monétaire dans un contexte marqué par des incertitudes géopolitiques et un regain des tensions inflationnistes. Toutefois, une nouvelle baisse des taux directeurs pourrait n’entraîner qu’une hausse plus modérée du cours de l’or, dans la mesure où ce dernier a déjà enregistré une progression considérable au cours des douze derniers mois.  

Ce scénario de « faux pivot » ou de « pivot en trompe-l’œil » constitue un risque à ne pas sous-estimer : les investisseurs ayant largement intégré la perspective d’un assouplissement monétaire, l’effet d’annonce pourrait se révéler moins puissant qu’auparavant. Néanmoins, si le cours de l’or parvient à s’établir durablement au-delà de la zone des 3 400 dollars après la décision de la Réserve fédérale, ce mouvement confirmerait l’entrée dans une nouvelle phase de hausse structurelle, portée par la faiblesse persistante des taux réels et la recherche de valeur refuge.

La BCE en avance : l’euro grimpe ! 

 

La Banque centrale européenne a initié en juin une nouvelle baisse de taux (–25 points de base, ramenant le taux de dépôt vers 2 %), notamment en réponse à la vigueur persistante de l’euro, jugée pénalisante pour l’inflation. Cette décision a eu un effet immédiat sur le cours de l’or en euros : après avoir atteint un pic historique, le prix de l’once a reculé de manière modérée sous l’effet de la correction partielle de la monnaie unique. 

Cet exemple illustre bien que, même lorsque les taux directeurs diminuent, une devise forte peut atténuer l’effet haussier attendu sur l’or. Après plusieurs mois de progression (+14 % contre le dollar en 2025, l’euro ayant frôlé les 1,18–1,20 $), l’euro exerce désormais une pression baissière sur les matières premières libellées en euros, dont l’or fait partie.  

Dans ce contexte, les investisseurs européens se retrouvent face à une situation ambiguë : d’un côté, la baisse des taux américains et la faiblesse relative du dollar renforcent la prime d’achat de l’or en dollars ; de l’autre, la fermeté de l’euro limite mécaniquement l’ampleur de cette revalorisation en monnaie unique.  

 

Conclusion 

 

Les marchés scrutent avec attention la prochaine décision de la Réserve fédérale américaine sur ses taux directeurs, attendue en septembre 2025. Après une première baisse en août 2024 et une envolée de l’or de près de 40 %, la Fed pourrait encore réduire ses taux de 75 points de base d’ici décembre, ramenant le taux vers 3–3,25 %.  

Ce scénario alimente les anticipations d’un nouvel appui à l’or, même si la hausse pourrait être plus modérée, la dynamique haussière ayant déjà été largement intégrée. Les derniers chiffres de l’emploi privé (-33 000 postes en juin) renforcent la probabilité d’un assouplissement, tandis qu’un taux de chômage inférieur aux prévisions souligne la résilience du marché du travail.  

L’inflation, attendue le 15 juillet, sera cruciale pour confirmer cette tendance. Parallèlement, l’euro s’est apprécié de 14 % face au dollar, exerçant une pression baissière sur l’or coté en euros malgré la baisse des taux de la BCE.  

Enfin, la possible entrée en vigueur de nouveaux tarifs douaniers imposés par Donald Trump à partir du 9 juillet pourrait créer une volatilité supplémentaire. Si ces éléments se confirment, l’or pourrait franchir durablement les 3 400 $, mais le risque d’un « faux pivot » et d’un essoufflement demeure réel. 

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